Cérémonie des Césars : un contexte très tendu
Ce soir, vendredi 23 février 2024, aura lieu la 49ème cérémonie des Césars, à L’Olympia, à Paris. “Anatomie d’une chute” et “Le règne animal” sont au coude à coude des nominations, tandis que le contexte actuel fait prendre à l'événement historique une tournure quelque peu tendue. En effet, ces derniers temps, nombre d’acteurs sont accusés voir poursuivit en justice pour viol ou agression sexuelle. En effet, tout n’est pas si joyeux. Le milieu artistique et plus particulièrement le cinéma se retrouve en pleine polémique en raison de la parole de certaines femmes qui se libère. Encouragées par le mouvement MeToo et aidées par une belle sororité, elles manifestent un désir de voir les choses changer, de sorte que ce sujet ne soit plus tabou.
Quelles sont les personnalités concernées ?
On y retrouve l’acteur Gérard Depardieu, récemment mis en examen pour violences sexuelles et propos misogynes ainsi que l’acteur et réalisateur Nicolas Bedos. Bien d’autres accusations ont aussi émergé, secouant le cinéma français, comme celle contre Philippe Garrel ou Benoît Jacquot.
Gérard Depardieu, acteur
Véronique Cayla, Présidente de l'Académie des Césars
Comment réagit l’académie des Césars compte tenu de ce contexte ?
Avec toutes ces polémiques concernant entre autres Luc Besson, Nicolas Bedos, Philippe Garrel ou encore Gérard Depardieu, les spectateurs durcissent le ton. En effet, un français sur deux estime qu’un réalisateur ou un acteur accusé de faits d’agression sexuelle ne devrait pas recevoir de césar. Ce sondage commandé par la tribune s’est aussi porté sur les questions de financement, de promotion et de diffusion à la télévision. Face à cette atmosphère pesante et les comportements inacceptables de certains acteurs, l’Académie des Césars a tenu à renforcer son règlement et à se ranger du côté des victimes. Les mesures prises ont donc été annoncées dans un communiqué, indiquant que les artistes mis en examen ou condamnés se verront privés de remise de prix et que leur présence n’est pas souhaitée à la cérémonie.
À partir de quel évènement le comité des Césars a t il renforcé son règlement concernant les récompensés ?
Ces modifications réglementaires ont eu lieu notamment après l’affaire Sofiane Bennacer, acteur des Amandiers de Valéria Bruni Tedeshi, mis en examen pour viol et violence sur conjoint.
Mais qu’en est il des acteurs accusés mais sans procédure de justice ?
Et bien en raison de présomption d'innocence, ces acteurs comme Samuel Theis par exemple, accusé de violence à caractère sexuelle et sexiste, mais sans poursuite judiciaire ne sont pas concernés. En revanche, pour ne pas déclencher de “clash” lors de la cérémonie, les accusés récompensés ne donneront lieu à aucune remise de prix sur scène ni de discours public. Cette règle a pour fonction d’apaiser au maximum les tensions et d'éviter la résurrection de scandales passés, comme lorsque Adèle Haenel quitte la salle en 2020, lors de l’annonce du prix de Roman Polanski.
Samuel Theis, acteur (notamment dans "Anatomie d'une chute")
Judith Godrèche, actrice
Une actrice s’est tout de même imposée ces derniers temps comme étant une figure de proue dans la dénonciation de ces comportements…
Tout à fait. Judith Godrèche, visage du mouvement #METOO a porté plainte pour agression sexuelle contre deux réalisateurs, dont Jacques Doillon qui pourtant sortira dans peu de temps un film sur le harcélement sexuel à l’école. Mais c’est certainement ses accusations envers Benoît Jacquot qui ont fait le plus de bruit. En 1986, l’actrice, qui avait 14 ans à l'époque, et le réalisateur, qui en avait 39, se rencontrent sur le tournage du film Les Mendiants, signant le début d’une relation qui va durer six ans. La comédienne dénonce aujourd’hui une entreprise de prédation et l’accuse de viols et violences sur mineur de moins de 15 ans commis par une personne ayant autorité. Elle dénonce en filigrane ce qu’elle a subi dans sa série “Icon of French Cinema” sortie en décembre dernier sur Arte, puis entame une véritable croisade médiatique afin de dénoncer ce qu’elle a subi.
Ce vendredi aux césars, elle livrera un discours, aussi bien aux membres présents dans la salle qu’à tous les français, de sorte que plus rien ne soit tut et que cette cérémonie, mettant avant tout à l’honneur le cinéma, s’accorde une tonalité politique en raison d’un contexte délicat.
Ce vendredi 23 février se tiendra donc au palais de l’Olympia de Paris, la 49 e cérémonie des Césars diffusée en direct sur Canal, à 20h45. Hormis pour les quelques chanceux qui ont été tirés au sort afin d’assister physiquement au rendez-vous le plus attendu du cinéma français ! Retour sur 5 films considérés comme favoris, qui ont marqué les esprits en 2023.
Le Règne animal :
Sorti en salle en octobre 2023, Le Règne animal de Thomas Cailley compte près de 12 nominations. On y voit François et son fils Emile lutter dans un monde touché par une crise sanitaire qui transforme les humains en créatures mi-animales, mi-humaines. Ode à la tolérance, il recoupe de multiples thématiques : bien-être animal, perte d’un être cher, relation père-fils et appréhension de l’altérité.
L’été dernier :
La réalisatrice Catherine Breillat propose à l’écran le récit d’une relation ambiguë entre une avocate et son beau fils mineur. Acclamé par la critique, le journal Marie Claire le qualifie de “grand film sur l’impériosité de la chair, d’une puissance et d’une beauté à couper le souffle”. Nommé dans 6 catégories, il a toutes ses chances pour décrocher des récompenses.
Anatomie d’une chute :
Ce film est la plus grande sensation cinématographique française de l’année. Avec 11 nominations, il est le favori de la soirée. Sa réalisatrice, Justine Triet a aussi été nommée aux oscars dans la catégorie “meilleur film” et “meilleure réalisation”, elle devient très célèbre et populaire à Hollywood, de quoi relancer la renommée du cinéma français dans l’industrie américaine après La Môme et The Artist ?
Le procès Goldman :
Le drame historique de Cédric Kahn, décroche, lui, 8 nominations. Il retrace l’histoire de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance pour plusieurs braquages à main armée. Ce huis-clos revient sur l’affaire d’un homme qui a choisi de gérer sa défense seul. Le réalisateur parvient, à travers de longs monologues théâtraux, à retracer un procès captivant, controversé et politique.
Je verrai toujours vos visages :
Avec une moyenne de 4,5/5 sur Allociné, il est le film de l’année le mieux noté par les spectateurs. Le film de Jeanne Herry évoque un sujet méconnu et peu abordé dans une œuvre de fiction ; la justice restaurative, proposant à des victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés encadrés par des professionnels et des bénévoles. Le film a été un succès avec 1,2 millions d’entrées.