L'Actualité Lycéenne
UN BOYCOTT VRAIMENT EFFICACE ?
On s’imaginait déjà assister à l’une des pires coupes du monde de l’histoire : désastre écologique, catastrophe pour les droits de l’homme, corruption, une compétition internationale en plein hiver… La compétition n’avait pas encore commencé qu’elle était déjà extrêmement controversée.
De nombreuses enquêtes montrent en effet des conditions de travail indignes pour les ouvriers travaillant sur les chantiers de construction des stades : conditions de sécurité totalement incertaines, salaires insuffisants (voire inexistant), surexploitation… la liste des violations des droits des travailleurs est longue. Amnesty International parle même de travail forcé, et plus de 6500 personnes seraient mortes sur les chantiers de la coupe du monde selon « The Guardian ».
Les stades seront climatisés, et de nombreuses associations écologiques estiment que c’est une aberration.
Pour se défendre, l’ingénieur à l’origine de cette idée affirme que les climatisations seront 40 % plus durables, et que l’énergie utilisée pour les faire fonctionner proviendra d’une immense ferme de panneaux solaires.
Malgré tout ce « bad buzz » autour de la compétition, toutes les équipes qualifiées se sont rendus au Qatar pour participer au tournoi. Noël Le Graët, (président de la FFF) et Gianni Infantino (président de la FIFA) estiment qu’il faut faire passer le football avant, même si le Qatar n’est pas exempt de tout reproche.
Mais avant que la compétition ne commence, des mouvements pour le boycott de la coupe du monde avaient déjà commencé.
Partout, des personnalités comme des anciens footballers s’expriment et se positionnent clairement contre cette coupe du monde, comme Éric Cantonna (ancien joueur de l’équipe de France) : « Je m'en moque de la prochaine Coupe du monde, qui n'est pas une vraie Coupe du monde pour moi (...) Le Qatar, ce n'est pas un pays de football. (...) C'est seulement une histoire d'argent et la manière dont ils ont traité les gens qui construisent les stades, c'est une horreur. Et des milliers de gens sont morts.»
Le Qatar est aussi accusé de ne pas respecter les droits des homosexuels, et le joueur australien Josh Carvallo (ayant révélé son homosexualité en 2021) se dit inquiet de se rendre dans un pays pareil pour y jouer une coupe du monde.
Même des personnalités politiques comme François Hollande, Olivier Faure (premier secrétaire du Parti socialiste) ou Jean Luc Mélanchon pensent qu’un boycott est nécessaire. Ce dernier estime que « On ne peut pas jouer au foot sur des cadavres ».
Les municipalités comme celles de Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg ou encore Toulouse ont pris la mesure forte de ne pas diffuser les matchs de l’équipe de France, peu importe leurs performances.
De plus, de nombreux supporters français, pourtant habitués à aller soutenir les joueurs partout où ils vont, ont décidé de ne pas faire le voyage jusqu’au pays du Moyen-Orient.
La Coupe du monde a officiellement débuté le 20 novembre dans un climat général plutôt tendu, et les polémiques ont quand même continué, comme avec l’activation de la climatisation dans des stades à ciel ouvert alors que la température extérieure était de 25°C, ou lorsqu’un un supporter gallois s’est vu interdire l’accès à un match car il portait un bob coloré, pouvant faire penser au drapeau LGBT.
On peut alors penser qu’après toutes ces polémiques, le boycott aurait un réel effet sur la compétition, mais il a tout de même montré ses limites. En effet, on a enregistré une audience de 5,13 millions de téléspectateurs en France pour le match d’ouverture Qatar-Colombie (à titre de comparaison, le match d’ouverture de la coupe du monde de 2018 avait réuni 3,98 millions de téléspectateurs en France). Même constat pour les deux premiers matchs de l’équipe de France, qui ont respectivement réuni 12,53 et 11,59 millions de téléspectateurs.
A cela s’ajoute l’aspect sportif, car de nombreux matchs ont été spectaculaires, et certaines personnes estiment qu’il s’agit de l’une des meilleurs coupe de monde. Le résultat est donc plutôt contrasté : on ne s’attendait pas à un tel succès de la compétition après tous les appels au boycott et toutes les polémiques autour de cette coupe du monde.
On se demande comment un tel événement est parvenu à faire oublier tous les problèmes liés aux droits humains et à l’impact écologique qu’il a engendré.
