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Militarisme ; avantages et faces cachées

Le militarisme est une idéologie politique fondée sur la prépondérance du pouvoir militaire dans les décisions politiques, et qui s'oppose par définition à l'antimilitarisme. Par définition, le militarisme est "une idéologie politique, ou du moins un courant de pensée, qui prône la primauté de la force militaire dans les relations interétatiques et dans l'organisation intraétatique".

 

C'est un terme qui ne doit pas être employé à tort, car un pays qui augmente le budget de son armée ne met pas forcément en place une politique militariste. En revanche, on peut parler de militarisme si un pays possède une volonté d'agression et d'impérialisme, et qui va donc baser son pouvoir politique sur le rôle et la puissance de l'armée.

Il s'agit d'une idéologie ancienne, car on peut considérer que des pays comme la France sous Napoléon, la Prusse sous Frédérique Guillaume II, L'URSS durant la guerre froide, ou encore l’Allemagne nazie étaient des pays militaristes.

C'est évidemment une idée qui a un sens très péjoratif car le militarisme amène très souvent à la restriction des libertés, à la guerre et à une moins bonne séparation des pouvoirs. Mais le fait d'augmenter la puissance de son armée de manière exponentielle sans forcément qu'il n'y ait d'idée impérialiste derrière peut malgré tout avoir des avantages, que nous verrons ici, avant d'analyser les défauts et les limites d'un tel mode de gouvernement.

 

Premièrement, une société basée sur des valeurs militaires comme le respect, l'honneur, la loyauté ou la discipline peut aider à la cohésion nationale en soudant la population avec des valeurs fortes.

Un pays qui fonde sa puissance sur l'armée a aussi un meilleur équilibre car des forces armées solides peuvent contribuer à maintenir la stabilité intérieure en dissuadant les menaces internes et en assurant la sécurité du pays.

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L'argument principal du militarisme est aussi la capacité de réponses aux menaces, qu'elles soient intérieures (terrorisme, criminalité) ou extérieures (agression militaire étrangère). En effet, une armée puissante qui entraîne le renforcement de la sécurité nationale devient vite dissuasive, ce qui va décourager toute volonté d'un autre pays ou d'un groupe d'acteur à  s'engager dans des actions hostiles ou agressives envers le pays. Depuis 1445, 1624 et 1934, l’armée de terre, la marine et l’armée de l’air française défendent notre pays, nos valeurs et nos libertés. Souvent critiquée, l’armée est en réalité une institution incontournable pour le bon fonctionnement de notre nation. Au-delà de la protection du territoire français, l’armée véhicule des valeurs trop souvent oubliées et qui sont nécessaires à la solidarité censée construire une société. L’armée soude une nation, apprend le respect de soi et d’autrui, la solidarité entre les personnes, l’accomplissement personnel et collectif, le sens du devoir. C’est un métier qui renforce les aptitudes physiques de l’individu, ses convictions, son mental et évidemment son caractère. Être un militaire est un prestige, et est considéré comme héroïque. Cela peut s’expliquer par le fait qu’un militaire met sa vie en jeu pour défendre son pays et son peuple.
 

Enfin, les partisans du militarisme prône que cette politique peut accroître l'influence du pays sur la scène internationale. En effet, une armée puissante peut renforcer la position diplomatique d'un pays et lui donner un poids supplémentaire dans les négociations.

 

 

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L’armée est également un élévateur social non négligeable puisqu’elle permet à de nombreux citoyens de fonder une vie stable. Elle offre un emploi rémunéré à quiconque le souhaite sans la nécessité d’avoir un diplôme.

L’armée permet d’évoluer en son sein comme dans la société extérieure puisqu’après ce service rendu à la nation, l’armée s’occupe de la reconversion professionnelle de ses anciens militaires.

Il serait utopique de penser que l’armée n’est pas utile au bien être d’une nation. Dépourvue de son armée un pays ne peut faire le poids sur la scène internationale et défendre ses intérêts. Sans cette force de défense, un pays ne peut avoir de quelconques revendications.

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Si la France reste aujourd’hui à la tête de l’union Européenne et reste l’une des nations pesant dans les relations internationales et ce depuis de nombreuses années, c’est parce que son armée possède une part importante dans cette réussite. Il n’est pas question de rentrer en guerre ou de menacer, simplement d’avoir des forces de dissuasions permettant de faire pression en cas de menace pour la sécurité de son pays. Le Monde n’est pas encore à l’heure où tous les pays sont sur la même longueur d’ondes et possèdent les mêmes démarches diplomatiques, par conséquent une armée puissante est indispensable afin de faire pressions sur les pays ayant l’usage de la force encore facile.

L’Armée Française est donc une institution incontournable de notre économie, de notre histoire et de notre citoyenneté et il est aujourd’hui regrettable que certains individus songent à l’illusion d’un Monde dépourvu de conflits et qu’une nation puisse prospérer sur le devant de la scène internationale sans son armée.

Malgré ces avantages qui se tournent surtout vers la sécurité et le hard power, il ne faut pas oublier que le militarisme possède de nombreux inconvénients.

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« Obliger les hommes à se laver et ne point leur donner de serviettes, toute l'ânerie militaire est là. » Georges Courteline.

Des causes pour justifier la guerre souvent manipulées et contrôlées :

La légitimité des actions militaires peut parfois être aussi détournées. Exemple connu de tous : l’Irak en 2003 où le New York Times avait notamment s’est fait l’écho des fausses affirmations selon lesquelles l’Irak possédait des armes nucléaires et a activement encouragé l’effort de guerre. « Son éditorialiste, Thomas Friedman, a même préconisé d’envoyer des soldats ‘’de maison en maison, de Bassorah à Bagdad’’, dans une démonstration de puissance militaire, tout en disant aux Irakiens de ‘’se laisser faire’’. ». A l’instar, au Mali en 2021-2022, la France défendait l’idée qu’elle n’était pas seule et que les Etats-Unis, l’Allemagne, et la République Tchèque les soutenaient. Ce à quoi Guillaume Ancel (écrivain, ancien officier français, et ancien de Saint-Cyr) répond « Nous avons juste habillé différemment l’opération, faute du moindre débat, et c’est toujours la France qui dirige sans que les Français ne connaissent le sens de cet engagement ». La guerre, en réalité, vise souvent à étendre son influence, son pouvoir, et son hégémonie sur un territoire donné. Et la guerre dite ‘’juste’’ en raison de ses causes n’est qu’une pure fiction. Paul Valéry disait d’ailleurs : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »

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Des valeurs de façades pour cacher la dureté de l’armée :

Le service militaire, de son côté, revêt souvent des valeurs de façade et les recruteurs s’attaquent de plus en plus aux personnes vulnérables en leur promettant que « s’enrôler, c’est ouvrir la porte à de meilleures opportunités ». « Les recruteurs de l’armée ont appris à vendre le service militaire au même titre que le savon et les boissons gazeuses sur le marché de la consommation », observe l’historienne Beth Bailey. Il ne s’agit ici en aucun cas de faire des généralités, mais les recruteurs prônent pour la grande majorité un service militaire pour des valeurs nationales et pour des causes justes en idéalisant le monde de l’armée. 

 

On le voit par exemple en France, à travers les films produits par le gouvernement et son ministère des armées où l’engagement militaire est perçu comme digne d’un véritable film d’action. Musique épique, grands sourires, belles images… Tous les moyens sont bons pour inciter à l’engagement, dans un contexte où l’armée (en France et partout ailleurs) peine de plus en plus à recruter ; quitte à tordre la réalité du monde militaire. C’est notamment à la JDC que l’on montre ces films qui sont en réalité de vraies publicités, à des jeunes de pas moins de 18 ans pour faire naître en eux le souhait de s’engager. Implications philosophiques : « On peut sourire devant les clips réalisés pour les campagnes de recrutement de l’armée. Mais il se peut que le pouvoir suggestif d’une affiche ait pu attirer vers l’armée plus sûrement qu’une longue réflexion. (…) Le pouvoir d’attraction de l’uniforme, le parfum d’aventures, la perspective de voyages et d’action sont, pour un jeune adulte, de puissants moteurs. Il s’agit bien, en s’engageant, de retrouver une confiance en soi tangible, de correspondre enfin à une certaine image de héros. »

 

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A travers le monde, l’enrôlement dans l’armée de terre, de mer, et de l’air est vendu comme un rêve, un plan de secours infaillible, une expérience inouïe, une promesse d’aventures... Sont alors cachés par cette utopie, le dur conditionnement des soldats jusqu’à l’extrême, les traumatismes et blessures de guerre, le rôle prédominant de l’autorité supérieure, l’absence de la liberté individuelle, les chocs émotionnels… L’armée et la guerre est bien loin d’apporter ce qui vous a été promis dans les campagnes de recrutement qui masquent toute la souffrance et la folie meurtrière que peuvent entraîner la violence des conflits. Par exemple, en juin dernier, un vétéran interrogé par la journaliste Mme Mercier admet qu’il est accro au combat et qu’il se lance dans des missions suicides sur la ligne de front. « Il a déjà tué 13 personnes en Ukraine. La proximité de la mort lui permet de se sentir vivant, le choc de l’adrénaline l’emmenant dans ‘’ce bel espace caché’’, où ‘’les couleurs sont plus vives’’ et les sons ‘’différents, vibrants’’. Chez lui, il n’a pas de sentiment d’appartenance. Mais en Ukraine, ‘’il y a quelque chose.’’ » Ainsi, Pierre Lemaître affirme : « Pour un militaire, une guerre qui se termine, c'est pire que tout. »

 

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Les dangers de l’éthique collective par les codes de l’armée :En soutenant l’effort de guerre, il faut être prêt à tuer. Pour que les valeurs transmises par l’armée ne se limitent pas au simple fait de défendre l’intérêt du pays, « l’armée restitue l’action du soldat dans un mode de vie communautaire, une fraternité d’arme. Elle développe des règles de conduite, des codes, un ensemble d’attitudes prédéterminées, et une cohésion au quotidien qui fonctionnent alors comme des références communes, à un comportement de groupe », quitte à établir une privation de l’individualité. L’armée oblige ainsi le soldat à se positionner quant aux valeurs spécifiques que l’on attend de lui, en privilégiant l’intérêt du groupe plutôt que le sien. Implications philosophiques : « Entrer dans l’armée, cela revient, d’une certaine manière, à s’en remettre à ce grand corps, à accepter de ne plus se penser sur le seul mode individuel ».

Dans certains pays, l’éthique collective de corps de l’armée fait du soldat un objet dominé par des automatismes acquis durant sa formation stricte et sévère. Ainsi, l’absence complète de l’individualisme au sein de l’armée fait de ce corps un espace dangereux où la responsabilité collective prend le dessus ou où l’on délègue la responsabilité de ses actions à l’autorité supérieure.

 

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Le devoir d’obéissance enjolivé et masqué par de grands principes :

A l’armée, les recruteurs n’ont pas besoin d’individus ayant la volonté d’apporter une réflexion à tous les ordres qui leurs sont donnés. « Un militaire sans formation politique, idéologique est un criminel en puissance » dénonçait l’homme politique et militaire Thomas Sankara. Le bon soldat ne doit pas réfléchir, il doit obéir sans poser de questions. En 2022, dans le journal Le Grand Continent, Guillaume Ancel, un ancien officier français, nous confie ceci : « En France, pour faire carrière, un officier doit se taire. (…) C’est à Saint-Cyr que j’ai appris à ne pas exprimer mes doutes ou mes interrogations. »

 

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Grandeur, prestige, fraternité, noblesse, loyauté, mérite, honneur, dignité, solidarité… Derrière ces grands mots mis en avant par l’armée se cache la nécessité d’obéir en dehors de toute considération morale, politique, ou de raison. Pour de Gaulle, l’esprit militaire vient directement de cette force morale intime qui, venue de l’autorité hiérarchique, se diffuse naturellement et produit l’obéissance : « En vertu de la discipline, une sorte de contrat est passé entre le chef et les subordonnés. Il est entendu que l’obéissance est due par ceux-ci à ceux-là et que chacun s’efforce de réaliser ce qui lui est hiérarchiquement prescrit. (…) Mais il ne suffit pas au chef de lier les exécutants par une obéissance impersonnelle. C’est dans leurs âmes qu’il faut imprimer sa marque vivante. Frapper les volontés, s’en saisir, les animer (…) par une suggestion morale qui dépasse le raisonnement, cristalliser autour de soi tout ce qu’il y a dans les âmes de foi, d’espoir, de dévouement latents, telle est cette domination. » Les hommes de pouvoirs tels que les commandants à l’armée ne s’inquiètent d’ailleurs pas d’être aimés, du moment qu’ils sont craints et obéis.

 

De plus, dans Mars ou la guerre jugée, Alain médite contre les pouvoirs et leurs abus potentiels : « L’amitié, la confiance et l’attention au beau travail peuvent beaucoup sur les hommes. (…) Les utopies que l’on peut concevoir à ce sujet, d’une armée agissant par la fraternité seule et par la compétence reconnue des chefs, viennent de ce que la guerre est toujours oubliée. La guerre dépasse toujours les prévisions et le possible. »

 

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Enfin, le militarisme fait resurgir d’autres et divers désavantages : un coût économique prépondérant qui pourrait être utilisé dans les besoins sociaux (« On trouve toujours de l'argent pour faire la guerre, jamais pour vivre en paix » disait l’artiste Albert Brie + « Une nation qui continue année après année à dépenser plus d'argent pour la défense militaire que pour des programmes d'élévation sociale s'approche de sa perte spirituelle. » Martin Luther King), un risque pour la paix mondiale causé par un accroissement du cycle de la violence, de potentielles violations des droits de l’hommes, des dommages environnementaux conséquents en raison des activités et essais militaires…

 

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